Alors que le poêle diffuse une chaleur attractive, cette fin d'après midi m'appelle dehors. La neige, habille les paysages, et est reçue avec hospitalité dans l'ombelle de cette carotte sauvage. Une boule de neige dans un nid, un parapluie retourné par une tempête de neige, une nouvelle glace à la carotte façon barba papa...
Quelques espaces non colonisés par les vignes, permettent ce genre de rêverie, comme un raffinement du paysage, trop de vigne m'ennuie. Les viticulteurs obèses et colonisateurs laissent peu de place à la poésie de la diversité.
Dans les sous bois, quelques murs en pierre rappellent que les lieux sont redevenus forestiers. Une petite fougère s'y est installée : capillaire des murailles. Je suis "friseur de capillaire", je colle avec des mots des petites feuilles sur une tige, et j'accepte la surprise de ce que ça devient. entre le voir et l'esprit.
Le cliché le plus vert n'est pas de moi, ni du mois de janvier. Il faut y revenir, savoir et ne pas savoir ce qui va se produire.
Et faire de la mousse, à la ville chercher la campagne, dans les villes aimer les contradictions.
Je vis dans un monde singulier, fait d'alternances de dedans et de dehors. Je porte un pull fait en laine ancienne recyclée, seule sur sa bobine elle est rêche, elle sent. Mais Francine l'a mêlée à un brin de soie et du mohair. La laine pique encore, mais elle est douce aussi. Travail au bureau et balade en foret habillé d'un pull singulier, modèle unique, fait main.
Retour de cette fin d'après- midi Francine avait joué des aiguilles, de très nombreux soirs. J'étais sorti vêtu de ce pull, histoire de l'apprivoiser encore.