lundi 25 mai 2020

ART DANS LE VERT

ART DANS LE VERT

Sortie pédestre sur les hauteurs de Rouffach
genet lancéolé 



Corona blues

C'est la sortie d'un escargot seul sous la pluie,
C'est pas de bruit
sur les routes
C'est faire attention aux voisins
pour qu'ils aient un casse croûte,
C'est sonner les cloches pour les soignants,
C'est faire du jardin, 
un lieu où l'on met les mains.
Corona blues, c'est parfois avoir quarante ans en quarantaine.
Corona blues, c'est beau ! Il y a quelque chose qui manque ? Remet le contact !
Mais pas dans la voiture !
Corona blues, fait nous bouger dans notre corps, et notre tête
Corona blues permet nous un peu plus d'errance, laisse moi du temps pour rêver mon ailleurs, le construire un peu, et visiter celui des autres
Corona blues c'est de la noirceur, du soleil et de la pluie
C'est la sortie des limaces en troupeau,
Corona blues, avant dans la vie civile on avait tout le temps un masque, qu'on ne faisait jamais tomber ! et maintenant on en a un nouveau en plus !  
petit orchis à floraison bien compacte 

Grand orchis, les restes de fleurs

Fraxinelle et abeille (pelouse sèche Rouffach)

Design humain avec ours en bois

Pour se retrouver face à l'ours, il faut passer des rochers en auvents, qui ont dû servir pour abriter les sorcières, pour avoir la chance de voir les fleurs rares de son territoire, il vaut mieux le remercier de son gardiennage efficace.

L'ours " gardien des pelouses sèches"

Une incantation

Puis une dance

et une ouverture sur une autre dimension du monde... une bordure de fraxinelle sauvage et belle 
Pas encore fini les Ausweis pour limiter l’épidémie
Ils ont mis des masques pour se rencontrer
dedans il y avait une bouche dessinée
qui ne contient pas de dents de sagesse
mais des voix multiples y résonnent
et des passages éclairs
au chocolat peuvent s'y lire.
Voir le monde par la bouche cachée,
c'est y feutrer des mots,
y refuser des cerises et 
stopper des postillons au moins !



Nous avons prolongé ce voyage enchanteur, sur cette colline unique, c'est l'habitat d'espèces végétales et animales rarissimes. Ce lieu est entouré de vigne, l'une d'elle produit un pinot noir Bollenberg Valentin Zusslin, l'origine protégée liée au vin d'Alsace se cumule avec la proximité de la zone protégée, îlot de biodiversité. Le millésime 2016 présente un nez très fin, des parfums fugaces s'entremêlement, j'ai cru sentir un peu de résine de pin et c'est parti...Surprise en le goûtant de la force et de la fraîcheur  inattendue, la légèreté du nez reçoit un coup de balais de sorcière ! C'est presque magique et c'est bon !
Je crois que c'est un vin de princesse, j'ai un peu regretté de l'avoir servi avec une tête de veau en cuisson douce, avec moutarde à l'ancienne, pomme vapeur et cornichons, je l'aurais bien bu avec du plus sauvage... 

dimanche 17 mai 2020

Beautés redoutées

doronic tue panthère
Sortie rando, d'après confinement, Francine voulait retrouver les paysages ouverts des hautes Vosges, avec leurs prairies et les vaches.
 Rejoindre le Freundstein depuis Steinbach, c'est une belle randonnée avec de la montée régulière et sportive en alternance.
 Deux groupes de scrofulaires du printemps bordent notre ascension.
Je propose un petit détour par les balcons du Wolfkopf, parce que juste en dessous dans la chênaie clairsemée pas tout à fait exposée plein sud, il y a cette très belle floraison de doronic tue panthère.
Ce n'est pas la saison des tues mouches ! ni des trompettes de la mort, mais il y aura aussi  des étrangles loups et les domptes venins !
La "d'or onic"'est une cousine de marguerite la fleur des champs elle  vit ici, mais elle doit rarement empoisonner des panthères !
Les prés relativement silencieux du sommet du Molkenrain, sont un havre de paix, chèrement gagné en ce dimanche de "sortie de crise virale".
Ceux qui n'avaient pas l'entrainement nécessaire peut -être à cause du confinement et qui sont venus sillonner la route des crêtes à moto, en voiture de sport,en décapotable et en vielle soupape se sont suivies à la queue du loup, se gênant les unes les autres et nous en mettant plein les oreilles.
Infernal !  Cette montée d'un flot incessant de bruits de moteur !
La quiétude silencieuse de la nature est rompue, par le retour de l'humain en "fauteuil roulant bruyant" !
Dans un étroit sentier de  descente je me suis retrouvé pris au piège d'une mère qui faisait la leçon à sa fille derrière elle, elle lui reprochait de mal gérer sa collocation, mais qu'il fallait que ça vienne d'elle, oups! J'ai cru que j'allais m'immiscer dans la reprise et signaler l'injonction contradictoire. Mais j'ai coupé deux virages !   
Dans les belles rencontres il y a Jean -Paul qui avait sorti son vélo, et répond à notre recherche d'une belle croix que nous avions déjà découverte dans ce secteur !
Grace à sa connaissance du territoire local, il nous remet en quelques explications sur le chemin de la croix : 1702 quelques années après le rattachement de l'Alsace à la France !


elle est si attrayante, dans sa  robe de sirène:  un modèle "loreley"et ensuite en dessous va croître un fruit comme une  "terrible cerise" contenant un narcotique,et qui embellit les dames !? la belladone. Extrêmement vénéneuse.



digitale pourpre
champignons du saule en omelettes superposées Steinbach


visite à doronic

vendredi 8 mai 2020

cuisiner les pousses du jardin


 De l’harmonie entre le -sur la table
et le - sous la table
ça n'arrive pas tous les jours !
La chance de pouvoir manger dans le jardin avec les beaux jours, et des cueillettes de notre espace vert :  pissenlit,orties, bourraches, plus tard il y aura le chénopode...
Maintenant le plantain lancéolé  y pousse en culture libre et  vient dans notre assiette.
Cela relève presque d'une cueillette sauvage à nos pieds.
Le gout de champignon de paris cru est présent pour nous surprendre agréablement avec  une légère amertume, nous l'avons adopté cru en salade mêlée,  en quiche avec ses bourgeons floraux associés à du lard et un flan, en pesto de feuilles avec les bourgeons floraux cuit 1 minute à la vapeur.
Je les ai cueillis sous la table et je les préparé pour qu'ils passent sur la table !
Albrecht Dürer  a peint cette touffe d'herbes vers 1505 avec pissenlit, plaintain major...
De mémoire j'ai cru qu'Albrecht Dürer avait mis du plantain lancéolé dans sa grande touffe d'herbes, et bien non c'est son cousin "major", l'aquarelle est à Vienne, il faut donc s'évader du jardin, pour apprécier.
la grande touffe d'herbes de chez nous: bouillon blanc et  plantain lancéolé 


 Apéritif  du soir :  une  tartine de pesto de plantain avec un verre de vin d'aspérule, un peu d’échappatoire dans un monde "covidé", ne pas transformer les chambres en cellule..

vendredi 1 mai 2020

le masque sentimental

 Passe moi le masque !

L'atelier d'écriture étant en suspend j'ai fait une PROPOSITION :Comme il faut  s'habituer à porter des masques dans plus de circonstances que dans  la vie d'avant
Ecrire une histoire avec MASQUE dans le futur proche
n'en faire qu'à sa tête mais avec un masque ! 

je me suis fait surprendre, cet exercice  est une fiction crée avec quelques éléments réels, et à plusieurs reprises l'idée d'avoir été malade traverse l'esprit des lecteurs, mais je n'en savais rien ... 


création de masques Francine Stentz

Je ne l'ai vue qu'avec un masque.
 Pour m'endormir. Il était en papier bleu clair, elle était debout, avec un groupe autour d'elle tous habillé en blouses vertes claires, sous la lumière d'un plafonnier de dentiste géant. Je patientais le ventre découvert et les poumons en feu. Il faisait froid, retour en position hiver, sur un printemps mal finit. Et je ne l''ai plus vue, d'abord le flou et puis l'absence. 

Je sent ma propre sueur séchée, sueur de chaud et sueur  froide des craintes vécues et imaginées, et des odeurs incorporées et exsudées de produits chimiques légaux qui m'ont été administrés.
Je reçois la première douche attendue avec l'impatience magique d'un renouveau.  Je suis debout et l'eau coule sur mon corps, je regarde cette eau coulée, je suis ému par une telle beauté, cette force qui se met en mouvement, je suis comme sous une belle cascade dans un panorama extraordinaire, et je regarde le carrelage d'une salle de bain d’hôpital. Je me lave et j'ai un peu le vertige.
Je ferme les robinets, et elle était là, je lui ai tendu la main pour sortir de la première douche d'après.
Ce contact humain m'a fait du bien, il avait la force rassurante de l'accompagnement, la grâce d'une danseuse, l’idée d'une danseuse de ballet s'est glissée dans mon sourire. Je me sentais pourtant ours sortant de l'hibernation.
 Je le lui ai dit et ses yeux ont souri. 
Je me suis senti propre et accueilli.

Je l'ai applaudie  tous les soirs, à 20h pendant des mois...

Un samedi matin je l'ai rencontrée au marché, j'ai mis longtemps à comprendre mon trouble c'est la première fois que je la voyais  sans masque. 




L'eau de mon  corps s'est évaporée un peu plus, laissant une peau ridée ; ma barbe est encore plus sel, les cheveux en catogan laissent voir de plus en plus  de surface crânienne. Je me suis réveillé transpirant et tremblant. Des sorcières sont venues dans mon rêve. 
Elles portaient des masques en bois sculptés, avec des dents de cheval plantées de guingois,aussi une chevelure en crinière de cheval, des habits en peau de bête, elles avaient une démarche lourde,des gestes saccadés et elles me poursuivaient en psalmodiant "Tschagatta, Tschagatta....  
L'une d'elle n'avait pas la même sonorité dans ses pas, ceux si ne résonnaient pas pareil dans mes pieds. " épier ça veut dire écouter avec ses pieds" elle courait plus vite que les autres, je la sentait se rapprocher de moi. Elle portait presque le même masque qui ornait la cheminée du chalet des vacances de mon enfance, elle était belle par rapport aux autres sorcières. Elle m'a attrapée, j'ai cru que j'allais défaillir dans le face à face. Elle a sorti un pistolet à prise de température et il s'est allumé en rouge. Je n'étais pas sûr peut-être s'était une peau d'ours qu'elle portait et qui sentait la transpiration de sortie d'hiver. Sous cette peau de bête, elle avait attaché à une ceinture deux balais.
Elle a enlevé le masque de sorcière et c'était l'infirmière.
et dans ma mémoire je garde la sonorité, décor de ballet ou des corps de balais, je ne comprenais pas..

Une blouse est accrochée là depuis quelques mois, une lampe de machine à coudre éclaire du tissus avec motifs en feuilles, en fleurs, en plumes, en loups et en léopards,  des fils et des élastiques.  Elle fabrique des masques en tissus pour se protéger du virus, elle et sa tribu.
Et moi je cherche comment effrayer le virus en me documentant dans des vieilles revues suisses.

Passe moi le masque !

Guy Holder