mardi 16 août 2022

De l'influence d'un pull

Ferdinand avait une grand-mère qui lui tricotait des pulls. Il ne les aimait pas tous. Certains, il les mettait seulement pour aller la voir. Et encore que quant-il faisait frais. Il se souvient d'un brun "caca" avec des torsades. Aussi d'un blanc avec quelques rangs de bleu aux épaules et du rouge aux bras, elle lui avait dit que c'était pour faire du ski de fond. C'est vrai qu'il aimait glisser l'hiver, faire des traces, rêver dans les paysages blancs, transpirer,  puis guider les autres aussi. Mais ce dont il rêvait c'était d'avoir un anorak "fusalp" dans ces  années 1980. C'était le truc le plus tape à l'œil des hivers blanc-gris à la neige.
 L'anorak était rare, je crois qu' il fallait être beau,  grand et bronzé pour pouvoir se l'acheter. 
La recherche d'une élégance de surfeur pour s'arracher à la poussière de ciment,  au désherbage manuel, à la cueillette des fruits pour la distillation,  au sciage, fendage et stockage du bois et déplacements des réserves vers l'approvisionnement des fourneaux, et autres taches peu enchanteresses d'une famille rurale.
 L'anorak de rêve, il  ne l'a jamais revêtu...

Mayo dans les années 2020 est venue chez lui avec un anorak proche de celui de ses rêves d'adolescent. Remémoration.

Et ce pull aux couleurs franches, cloisonnées par du noir, Ferdinand l'avait presque oublié, il l'a aimé, sa grand mère, récupérait les magazines que lisait sa mère :
 "Vogue"
 et dans un des numéros des années 1965, le courant de la peinture " figuration vers abstraction" mené par Mondrian fait son apparition, dans la mode.
 Ferdinand décrit l'anorak qu'il aimerait avoir à sa grand mère et elle lui tricote un pull inspiré par Mondrian. C'est un peu décalé, par rapport à la demande, mais c'est bien inspiré..
Ca aurait pu être en dépit, et ça devient créateur
Il l'a aimé, porté, usé  ce pull et un soir, il l'a oublié sur une chaise d'une terrasse de café. Avoir  trop chaud, d'une chaleur à vapeur volatile, peut parfois entrainer  jusqu'à  la perte. Les lendemains pâteux en furent encore plus difficile . Après une petite aide de lutte contre le bourdonnement interne, un modeste cachet blanc, et une  visite à " l'Ours noir". Le colosse y répond d'une voix grave:" on n'a pas vu de pull".


15 aout 2022
En sortant de la fondation Beyeler, Ferdinand se dit qu'il marcherait tout de même à pied jusqu'à la gare, malgré un ciel à prélude orageux, et un taxi de marque Maserati, attendant les clients, porte ouverte sur la classe d'un cuir clair italien ... En marchant, il regarde les galeries, et voit
à la terrasse d'un café un homme installé dehors, dans une attente réjouie, d'un temps plus frais.
Il portait le pull Mondrian et, lui ressemblait. 





Et si vous  construisiez une histoire avec une robe Mondrian
Le magazine Vogue des années 1965 avait en couverture cette  robe...La mode revient



 Fondation Beyeler le passage de la figuration à l'abstraction chez Mondrian







J'ai beaucoup aimé l'ambiance du moulin, austère, inquiétante un scénario de bande dessiné pourrait s'y jouer.
Le ciel à petits nuages en taches biens séparées diffuse une lumière à l'inverse d'un vitrail, le gris plomb est pour les nuages, et le cerclage pour l'éclairage


L'eau est présente dans l'atmosphère


La rencontre entre les branches crée un cloisonnement, vertical et horizontal ...
Comme un guide vers le dépouillement de l'abstraction
 

1 commentaire:

  1. merci pour le clin d'œil dans ton article de " tricot"
    C'est très bien écrit,
    Mayo

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